La Polynésie en voilier

D’îles en atolls.

Sept mois à la barre d’un monocoque vintage, plus de 1 000 milles de navigation à travers trois archipels polynésiens, cinq îles et neuf atolls. De la Marina Taina de Tahiti aux crêtes volcaniques de Nuku Hiva, en passant par les atolls des Tuamotu et les reliefs verdoyants de la Société, ce récit livre sans fards bons plans, écueils et instants d’émerveillement. Embarquez pour un voyage où chaque escale se mérite et chaque mouillage devient une promesse d’aventure.

Passager clandestin, ce fou à pieds rouges rejoindra le bateau à la nuit tombée et repartira à l’instant où le soleil sera visible.
Passager clandestin, ce fou à pieds rouges rejoindra le bateau à la nuit tombée et repartira à l’instant où le soleil sera visible.

Le parcours du voilier :

Tahiti -> Moorea (dans la Société)
-> Rangiroa -> Ahe -> Toau -> Fakarava -> Tahanea -> Makemo -> Raroia -> Hao -> Amanu (aux Tuamotu)
-> Tahuata -> Hiva Oa -> Nuku Hiva (aux Marquises).

La connaissance polynésienne de ce site provenait d’un parcours essentiellement terrestre avec quelques avions et ferrys pour passer d’îles en îles et épisodiquement quelques séjours sur des voiliers. Depuis fin 2024, gros changement, la base arrière du guide est un solide monocoque de la fin des années 80 qui permet de séjourner dans des lieux d’exceptions lorsqu’ils se présentent.

Navigation dans l’archipel de la Société

Les îles de la Société sont montagneuses et entourées d’un lagon. Très proches de Tahiti, elles absorbent le tourisme de masse de la Polynésie (autant d’habitants que de visiteurs par an, presque comme en métropole).

Tahiti

Fin novembre.
Le voilier aux  corps-morts de la marina Taina, en face de l'aéroport de Tahiti.
Le voilier aux corps-morts de la marina Taina, en face de l'aéroport de Tahiti.

Le bateau provenant de la marina Taina à Tahiti, c’est le point de départ de cette navigation exploratoire.
Avec ma bonne étoile, j’ai obtenu une rare place à la marina de Papeete le jour où j’ai enfin eu les clés du bateau. La marina est en plein centre-ville, proche des magasins dédiés au nautisme. J’y resterai 5 semaines pour remettre, à minima en état ce voilier “prêt à repartir” comme le prétendait, sans vergogne, l’annonce.

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Côté navigation, la zone du lagon Papeete/ Faaa a des règles bien spécifiques :

  • Pour traverser la passe de Papeete il faut l’autorisation de la vigie, VHF canal 12.
  • Pour passer devant les 2 extrémités de la piste de l’aéroport, à l’intérieur du lagon, il faut aussi demander l’autorisation à la Vigie sur le canal 12 de la VHF.

Tahiti est l’antithèse de la Polynésie et depuis toutes ces années que je la parcoure, je n’ai croisé aucun polynésien qui, honnêtement, m’a dit s’y plaire. Touristiquement, Tahiti est incontournable uniquement pour les vols internationaux – seul l’aéroport de Faaa dessert l’international – et pour le festival de danse du Heiva en juillet.

Hissons les voiles, il y a urgence.

Moorea

Fin décembre.

Moorea est à moins de 20 milles de Tahiti.
Les principales passes se franchissent ​ simplement par beau temps.
Un peu de douceur de vivre, de belles randonnées, une rencontre garantie avec les raies pastenagues (la raie commune… pas la raie Manta), un urbanisme galopant et un sur-tourisme qui guette. Un esprit en surface bon enfant, en arrière plan, très business mais aussi le royaume des voleurs (après Papeete, “capitale” oblige).

Panoramique de la baie d’Hopunohu à Moorea au coucher du soleil.
Panoramique de la baie d’Hopunohu à Moorea.

Le mouillage dans la baie d’Opunohu est bien abrité et bien situé au nord de l’île en face de la plage de Ta'ahiamanu et des randonnées des 3 cocotiers, des pinus et du mont Rotui.

L’archipel des Tuamotu à la voile

Changement de décor. Hormis Makatea, toutes les îles habitées des Tuamotu sont des atolls. La carte postale parfaite : plages de sable doré, cocotiers et lagon bleu cyan à perte de vue.

Rangiroa

Début janvier.
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L’île des Tuam’s la plus mise en avant par le GIE (Groupement d’Intérêt Économique) Tahiti-Tourisme. C’est là où le tourisme de masse de la plongée s’est développé en premier en Polynésie. On vous vendra l’extraordinaire passe de Tiputa, ses requins gris, ses grands requins marteau et sa colonie d’une trentaine de dauphins… Certes il y a des requins gris, les grands requins marteau passent à la saison, mais il faut descendre vers 50 m pour les voir (plongée technique avec recycleur obligatoire et donc réservé à quelques plongeurs ayant cette qualification très spécifique), la colonie d’une trentaine de grands dauphins est bien là, et un spécimen est connu pour venir littéralement au contact des plongeurs. Votre serviteur y ayant fait 2 plongées et traversé la passe 2 fois en snorkeling n’a pas eu la chance d’en voir un, la nature reste imprévisible.
Le fond de la passe est très lisse – le courant peut être très fort – et les coraux ont beaucoup de mal à y survivre.

Pour les voileux, Rangiroa est mal abrité (doux euphémisme) du vent du Sud-Est, sachant que les vents dominants sont Est puis Sud-Est…

Ahe

Mi-janvier.

L’archipel paumé du nord des Tuamotu.
Là, il y a quelques mots clés qui devraient titiller la conscience d’un visiteur en quête d’authenticité. Ahe est vraiment au nord des Tuamotu, c’est une des dernières escales possible sur la route des Marquises. Quelques voiliers y font un stop, et à la saison, le mouillage protégé en face du village est plein lorsqu’une petite dizaine de voilier tentent de s’y ancrer, entre les patates de corail, par 10 m de fond sur le sable (oui, moins de 10 voiliers….).
Le village principal, Tenukupara, est assez surprenant avec ses habitants accueillants mais leurs habitations sont clôturées (chose rare aux Tuamotu).
Le lagon est turbide, peu propice au snorkeling mais réputé pour la reproduction et l’élevage des huîtres perlières. Isolé à l’ouest de l’atoll, un octogénaire, au caractère bien trempé, qui a côtoyé Bernard Moitessier le siècle passé, s’occupe de la ferme perlière Kamoka.

À l’extrême sud-ouest, dans peu d’eau, le lagon prend une jolie dominante verte.

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La route des Marquises

Arrivé aux Tuamotu, la navigation pour les Marquises se complique.
La première option est de monter tout au nord à Ahe puis de partir Nord Est vers les Marquises. L’inconvénient est le vent qui obstinément vient d’Est et oblige à louvoyer au près serré sur 500 miles en une seule navigation.
La seconde option est de caboter d’atolls en atolls toujours plus vers l’est jusqu’à Raroia, ou mieux, de pousser jusqu’à Hao. Les navigations sont alors au près en tirant des bords mais se limitent à 24, 48 ou 72 heures. En effet, avec l’important phénomène d’ensachage dans les atolls et la présence de patates de corail non cartographiées, je ne rentre et sors qu’à la pleine mer et de jour, ce qui fait qu’un seul créneau par 24h pour traverser les passes.
Après une semaine d’attente à Ahe où le vent (très) dominant n’a pas voulu tourner, j’ai choisi la seconde option, à l’Est, toute.

La plupart des voiliers font la route inverse, la plus simple, avec les alizés au portant, du canal de Panama (Est) vers Tahiti (Ouest) en passant par les Marquises puis les Tuamotu.

Toau

Fin janvier.

Officiellement une dizaine d’habitants. Nature exceptionnelle en vue.

Via la passe sud on peut entrer dans l’atoll et aller s’ancrer… au sud. C’est beau, le paradis des images de drone : sable blanc, cocotiers, hoas, beau très beau vu d’en haut, mort en dessous… probablement ravagé par les fortes houles du large qui peuvent passer par-dessus les restes de la “barrière de corail”.

L’anse Amyot, au nord de Toau est le spot qui renvoie Tikehau et Rangiroa au rang de simple curiosité. L’entrée se fait via une “fausse passe” qui bute rapidement sur un 180 degrés de corail qui s’étend sur plusieurs centaines de mètres. Les poissons de l’atoll y viennent pour avoir l’eau claire de l’océan Pacifique, les chasseurs pélagiques y font une incursion pour voir s’il n’y aurait pas un petit truc à se mettre sous la dent… Il y a quelques bouées gracieusement posées par la DPAM pour s’amarrer sans détruire le corail avec son ancre, mais bien malheureusement, certains se sont amusés à raccourcir les bouts et à immerger les bouées sous la surface. Au premier regard elles sont invisibles, mais en cherchant, elles sont bien là ! Si on vous demande de payer pour stationner sur une bouée, vous saurez probablement qui à fait le coup !

L’anse Amyot de Toau et son immense barrière de corail.
L’anse Amyot de Toau et son immense barrière de corail.
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Fakarava

Début février.

Officiellement la seconde destination plongée de Polynésie. Sans conteste la plus attirante de par ses capacités d’accueil importantes et la qualité de ses fonds. Les passes nord et sud sont très différentes et valent toutes les deux d’y plonger plusieurs jours. Voir cet article dédié à la plongée et au snorkeling à Fakarava.

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Stationner en face du village n’est intéressant que pour l’avitaillement et la station essence dont la pompe est à quai.
La “boulangerie” épicerie possède un petit espace quincaillerie et nautisme qui a le mérite d’exister dans cette partie de Polynésie.

Le mouillage est officiellement réglementé dans tout l’atoll mais les bouées n’étaient pas posées début 2025.

Tahanea

Mi février.

L’île inhabitée. Si vous souhaitez apercevoir un poisson que vous n’avez jamais vu, c’est là qu’il faut aller.

J’y suis resté que trois petites journées, le vent était d’Est, Sud-Est, très désagréable si l’on souhaite rester sur un mouillage proche des passes. L’objectif étant alors d’aller plein est, à Raroia voire Hao, nous levons l’ancre pour continuer la route plutôt que d’aller à l’est de l’atoll pour se protéger de la houle. Tahanea est un peu une rencontre manquée. Ce bref passage n’a permis de faire que quelques sessions de snorkeling, à bonne distance des passes, et d’être émerveillé par la rencontre avec un très beau poisson que je n’avais jamais vu, pourtant mes palmes sont très usées !
La nécessité d’y retourner et d’explorer sérieusement l’atoll s’impose.

Makemo

Mi-février
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Un des gros atolls des Tuamotu (825 habitants en 2017 pour être précis), avec une passe étrangement calme (peu de mascaret mais du courant) et un trou bleu lien au sud-est de l’atoll proprement enchanteur. Accéder au trou bleu nécessite de slalomer entre les patates de corail mais, une fois sur place, prévoyez d’y passer plusieurs jours, voire une petite semaine sous peine de le regretter très fortement.

Le trou bleu de Makemo au sud-est de l'atoll.
Le trou bleu de Makemo (sud-est de l'atoll).
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Le récif extérieur de l’atoll aux alentours de la passe peut aussi être étrangement accessible en snorkeling à la pleine mer.

Raroia

Début avril.

Au sud-est de l’île, le village est sans intérêt et le mouillage, mauvais, au vent dominant.

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Les motus du nord-est sont très beaux. Attention la plupart d’entre eux (surtout les plus fréquentés) sont envahis de nonos en fin d’après midi. Les requins pointes noires sont nombreux et squattent sous les voiliers.
Les fonds sont par contre sans grand intérêt.

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Hao

Mi-avril.

L’ancienne base arrière des essais nucléaires français. Le village a des équipements pléthoriques au regard de sa population. Il y a même un bar restaurant, peut être le seul bar autonome de tout les Tuamotu.

Procession de l’église Saint-Pierre de Hao lors du Vendredi saint. La croix, en bois massif, sera portée par un seul homme.
Procession de l’église Saint-Pierre de Hao lors du Vendredi saint. La croix, en bois massif, sera portée par un seul homme.

La passe est réputée être la plus dangereuse de toute la Polynésie française avec un courant sortant pouvant atteindre 20 nœuds et un puissant mascaret. Mais le Shom donne les horaires des marées de la passe, ce qui simplifie fortement le problème (la traverser qu’à la pleine mer…).

Coucher de soleil en feu sur la passe d’Hao.
Coucher de soleil en feu sur la passe d’Hao.

Plonger à ses alentours avec le club associatif local est un délice, tout comme aller au sud-est de l’atoll à la rencontre des raies manta.

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Amanu

Début mai.

Le dernier atoll à l’est des Tuamotu où un voilier peut entrer et dont le nom circule de capitaine en capitaine, bien que peu y aient jeté l’ancre.
Amanu s’aperçoit d’Hao, seulement 10 milles les séparent mais avec le jeu des marées et les mascarets, prévoyez 24 heures pour aller d’une île à l’autre.
Ikitake, le village de l’atoll, compte seulement une centaine d’habitants et son fort isolement est palpable, les locaux sont très accueillants.

Plein Est, l’océan traverse les hoas laissant entrer une eau de mer cristalline et permet le développement d’une importante biodiversité. Les poissons sont peu habitués à voir des êtres humains et ne les fuient pas franchement !

Un requin pointe noire  accompagné par ses poissons-pilotes, des Carangues jaunes, plutôt rares en Polynésie.
Un requin pointe noire accompagné par ses poissons-pilotes, des Carangues jaunes, plutôt rares en Polynésie.

Les Marquises en voilier

Kahoa les Marquises !
Fini les atolls, voici les îles volcaniques et les fruits à profusions et lorsqu’on vient d’un long séjour aux Tuamotu, les fruits semblent être un immense trésor.

Après une navigation de presque 500 miles nautiques depuis Amanu, avec un vent très régulier entre prés et travers et une houle bien formée, atterrissage sur l’île de Tahuata.

Tahuata

Mi-mai.

Petite île volcanique au sud d’Hiva Oa, Tahuata est verdoyante et très peu habitée, Le village principal de Vaitahu avec sa belle église et le village d’Hapatoni (80 personnes) vaudraient à eux seuls le détour pour la quiétude et l’accueil.

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Mais le plus notable est sous l’eau.
Dans la très fréquentée baie d’Hanamoenoa les raies Manta passent tôt le matin entre les bateaux.
Les dauphins qui semblent longer la côte Ouest de Tahuata, séjournent, certains jours, longuement dans la baie à côté d’Hapatoni.

Mon île préférée des Marquises où après 4 séjours, l’envie d’y retourner est toujours aussi forte !

Coït de dauphins à long bec, Hapatoni, Marquises. La blessure circulaire provient probablement d’une morsure d’un petit requin, le Squalelet féroce.
Coït de dauphins à long bec, Hapatoni, Marquises. La blessure circulaire provient probablement d’une morsure d’un petit requin, le Squalelet féroce.

Hiva Oa

Fin mai.

Une des deux plus grandes îles des Marquises avec un immense plateau à près de 1000 m d’altitude. Les nuages s’y forment et recouvrent très souvent l’île en saison des pluies (de janvier à juillet).

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La baie de Tahauku offre un abri – saturé – pour quelques bateaux seulement avec une tolérance en face du quai les jours ou aucun paquebot et goélette n'accostent. A défaut de trouver une place, il faut se contenter d’un très inconfortable mouillage de l’autre côté de la digue. Ce waypoint proche d’Atuona est notamment fréquenté pour le chantier naval des marquises et son magasin d'accastillage. En ville, à quelques kilomètres de là, on trouvera une quincaillerie et quelques épiceries dont Gaubil Market, en face de la poste qui a la gentillesse de raccompagner les clients en voiture, gratuitement sur simple demande !

Suivent plusieurs allers-retours entre Hiva Oa et Tahuata.

Nuku Hiva

Mi-Juin.
Le retour des courses de chevaux, montés à crue, sur la plage de Taiohae, Nuku Hiva.
Le retour des courses de chevaux, montés à crue, sur la plage de Taiohae, Nuku Hiva.

Taiohae, la “capitale” des Marquises offre une longue baie et un mouillage imparfait qui laisse entrer une houle résiduelle, rarement dans le sens du vent. La baie est riche, dauphins à l’entrée, requins marteau au sud-est raies Manta au nord-ouest le matin, requins soyeux au quai des pêcheurs mais la visibilité est très mauvaise, particulièrement en saison des pluies.

Ici aussi un bon magasin d’accastillage, le Nuku Tai Nui Marine et 2 quincailleries ( Bigot et Naha) rendront service aux voileux.

De très belles randonnées sont possibles :

  • Au départ du plateau de Toovii, elle va jusqu’à surplomber les pitons d’Aapaka.
  • Au départ d’Atiheu vers Anaho (ou inversement).

La baie d’Anaho

Anaho est bien connue des randonneurs et des voileux. Le site, assez grandiose, offre un mouillage très abrité en face du village qui compte qu’une vingtaine d’habitants. Ni route, ni électricité filaire, du edge (pas de 3g donc), pas d’épicerie mais une pension.
L’eau est turbide mais quelques raies mantas sont bien là.

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La zone de corail, de part et d’autre du petit chenal balisé par de simples bouées, découvre partiellement à marée basse. Ne pas amarrer le dinghy trop près de la plage, sous peine de le retrouver au sec.
Il est interdit de mouiller les voiliers par moins de 10m pour ne pas abîmer le corail. Des bouées jaunes ont fait leur apparition en 2025 pour marquer la zone protégée.

Le tsunami du 30 juillet

La nuit tombée je reçois l’alerte au Tsunami :

  • Jusqu’à 4 mètres de hauteur de vague côtière attendu à Nuku Hiva
  • demande de quitter les mouillages pour aller se réfugier en mer sur des fonds de plus de 1000m.
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Je suis alors au Nord-est de Nuku Hiva, à Anaho dans cette baie orientée vers le nord. L’épicentre du séisme est au nord-ouest et ses vagues pourrait largement entrer, le danger semble réel.
Départ de nuit, en solitaire, pour aller affronter cette vague qui devrait être moins haute mer.
Vers 22 heures, 3 voiliers me précèdent et 2 me suivent, direction plein nord vers la zone de plus de 2000m de fond. La lune se couche et les étoiles éclairent timidement la mer. Les vagues viennent de l’est, le tsunami vient du nord-ouest, je passe la nuit à scruter les 2 directions.
Passé 22h, plus aucun message de sécurité sur le canal 16 de la VHF  jusqu’au lendemain matin, comme si le personnel du GRCC était parti de coucher. Au petit matin, je n’ai toujours pas vu passer la vague. manifestement, la stratégie semble bonne.
6 heures, le GRRC se manifeste de nouveau, intimant les navires de rester en mer en attendant l’annonce de midi. Le message est répété plusieurs fois dans la matinée. Je continue à faire des ronds dans l’eau.
Une orque vient me voir et passe de travers sous le voilier à l’aplomb du safran et de l’hélice, hum…
Midi, rien à la VHF. Grand blanc des autorités, (au moins jusqu’a 15h20). Alors, on reste en mer ? 30 heures sans fermer les yeux, j’aimerais bien ancrer le bateau et dormir avant de faire une grosse erreur. Une fois de plus en Polynésie, Facebook me donne la réponse. Depuis 11h20, les bateaux peuvent regagner la côte. S’ensuit une très sérieuse question de sécurité. Comment faire sans Starlink en Polynésie ?
L’ancre bien mouillée à un peu plus de 15h, je termine ce quart solitaire de 18h05 d’après Navionics, avec un mal de crâne montant. Ma couchette m’attend avec impatience.

Mes sites envoûtants

1 – Tahuata

Le ballet des raies Manta à Tahuata, baie d’Hanamoeno.
Le ballet des raies Manta à Tahuata, baie d’Hanamoeno.

Hors catégorie et de très loin. 4 séjours sur place et la très forte envie d’y revenir.
Paysages, habitants, dauphins et mantas.
What else ?
Peu de monde, les baies de l’ouest sont très bien abritées, l’eau est soit claire soit chargée d’un très gros et beau plancton selon les jours.

2 – Le Sud-Est de Makemo

Le trou bleu, la pointe sud-est extérieure de l’atoll et la confluence des cocotiers et des hoas au golden point.

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3 – Amanu

Le dernier atoll de l’est des Tuamotu accessible en voilier.
On manquera, sous aucun prétexte, la passe qui semble complètement irréelle, le village et l’est de l’île avec son eau limpide et sa biodiversité hors du commun.

La photo de la passe d’Amanu… un bijoux qui semble provenir d’un autre siècle !
La photo de la passe d’Amanu… qui semble provenir d’un autre siècle !

4 – Toau

L’anse Amyot au nord de l’atoll. Du corail, des poissons, une eau claire. Une invitation à faire du snorkeling matin, midi et soir pour observer le comportement des poissons changer dans ce véritable jardin de corail que l’on ne finit jamais d’explorer tant il est grand.

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5 – Fakarava

Placer un site mondialement connu uniquement en 5ᵉ position peut surprendre mais la Polynésie à quelques réels autres joyaux encore préservés.
Pour le snorkeling, on ira à la passe sud. Pour la plongée on ira à la passe sud – bien que les pratiques du club de Tetamanu soient condamnables – mais aussi à la passe nord tant les 2 sites sont différents.

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Mes pires mouillages

1 – Rangiroa, à l’ouest de Tiputa.

Vainqueur, haut la main, avec un amortisseur de boot en caoutchouc de bon diamètre purement et simplement sectionné en deux parties par une houle moutonnante dans le lagon plusieurs jours durant.

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2 – Hiva Oa, à l’extérieur de la digue de Tahauku.

La houle vient du large et rebondit sur les tombants rocheux donnant 2 à 3 directions aux vagues, ou comment être certain d’avoir de la houle de côté et d’arrière. Insomnie garantie jusqu’à l’épuisement !

3 – Tahuata, au village de Vaitahu.

La zone de mouillage sur le sable vaseux n’est pas très grande et semble très bien abritée du vent dominant d’Est. Mais un phénomène très local se produit dans la baie. Au-dessus du village, une large vallée descend presque à 45 degrés depuis 700 m d’altitude. Le vent tombe sur le village et en arrivant à proximité de la mer, il est bloqué au nord et au sud par 2 importantes masses rocheuses. Le vent se concentre alors sur la baie provoquant de violentes rafales de vent. En pleine nuit le bateau a dérapé.