Les Gambier
L’archipel des Gambier, situé à 1 700 km au sud-est de Tahiti, est un joyau méconnu de la Polynésie française. Constitué d’îles montagneuses basses et de motus de sable blanc immaculé, il s’étend dans un lagon très ouvert d’une trentaine de kilomètres de diamètre, parsemé de nombreuses patates de corail. C’est une de nos destinations favorites en Polynésie française.
Un joyau polynésien
Pour
- La beauté des sites
- Les perles multicolores des Gambier
- Les motus au sable blanc
- Les randonnées balisées sur des chemins entretenus
- Le berceau historique du christianisme polynésien
- L’amabilité des résidents
- La quiétude de l’archipel, hors des sentiers battus
Contre
- Le prix du billet d’avion
Les principales activités
- Une excursion en bateau dans le lagon pour découvrir les îles et les édifices des premiers missionnaires de Polynésie.
- La visite d’une exploitation perlière et l’achat potentiel de perles.
- Le tour de l’île de Mangareva en voiture ou à pied.
- L’ascension des monts Duff et Motoko offrant des panoramas époustouflants sur le lagon des Gambier.
- Une belle randonnée sur les chemins aménagés de Mangareva.
- Le pique-nique dominical sur une île ou un motu.
Aller aux Gambier
L’arrivée en avion est féerique. Après avoir survolé Mangareva et son lagon d’un bleu cyan hypnotisant, l’ATR 72 atterrit sur le motu Totegegie. D’un côté de la piste, l’océan, de l’autre, le lagon turquoise qui scintille sous le soleil. Une fois les bagages récupérés, quelques pas suffisent pour monter à bord du bateau-navette et rejoindre l’île principale. Pas de bousculade ni de tumulte, vous êtes aux Gambier !
Les Gambier sont accessibles en avion depuis Papeete une à deux fois par semaine à bord d’un ATR 72 de 78 places. En téléphonant à Air Tahiti, il est aussi possible de venir depuis l’atoll d’Hao aux Tuamotu.
Le fuseau horaire diffère de Tahiti, avec 1 heure de plus (GMT -9).
Climat
Les montagnes des Gambier dépassent rarement les 200 mètres d’altitude, certes il pleut et les îles sont verdoyantes mais le soleil revient rapidement contrairement à Tahiti, où les nuages semblent naître sur les montagnes qui dépassent les 1000m,
Seuls les monts Duff et Mokoto se dressent fièrement au-dessus des 400 mètres avec une très belle randonnée pour y accéder.
L’été austral, de décembre à février, offre une agréable chaleur tropicale, tandis que l’hiver, de juin à septembre, est relativement frais.
Le lagon est moins chaud qu’aux îles sous le vent ou aux Tuamotu, mais il est agréable de s’y baigner. Bien que l’eau du large traverse largement l’archipel, la visibilité sous-marine n’y est pas exceptionnelle.
Cette configuration climatique plus tempérée favorise la culture de perles uniques, différentes des "perles noires de Tahiti". Le tour de l’île de Mangareva révèle les nombreuses fermes perlières.
Population
Avec environ 1500 habitants, les îles sont peu peuplées. La population se concentre principalement à Rikitea, sur l’île de Mangareva. Les locaux vivent essentiellement de la perliculture, le tourisme est très peu développé et les relations humaines très agréables, le touriste n’étant pas considéré comme un simple porte monnaie sur patte.
En plus du français, les mangareviens ont leur propre langue, bonjour se dit “E na koe" (prononcer énakoé) et merci "maro’i".
Vie pratique
Santé: Un médecin, un dispensaire et des infirmières sont disponibles.
Restauration: Des roulottes et une pizzeria à Rikitea vous permettront de vous restaurer en dehors de votre lieu d’hébergement.
Services Bancaires: La poste dispose d’un distributeur automatique de billets acceptant les cartes Visa et Mastercard.
Sur le lagon
Tour du lagon
Consultez la page dédiée de l’excursion dans le lagon des Gambier.
Snorkeling à Rumarei
Si vous avez entrepris l’ascension du mont Motoko, vous avez probablement eu envie de vous plonger dans la baie occidentale de Mangareva pour une séance de nage avec palmes, masque et tuba entre les patates de corail et les fermes perlières, en particulier près de l’îlot Rumarei.
En partant de la côte, la profondeur est très faible, la visibilité est limitée et il n’y a pas de courant. À l’approche de l’îlot, les formations coralliennes qui s’élèvent près de la surface se dévoilent. La visibilité est convenable, bien que pas exceptionnelle. Plus on s’éloigne de la côte, en laissant l’îlot derrière soi, plus l’eau devient claire.
Le pique-nique dominical
Une coutume assez ancrée chez les expats et une partie des autochtones consiste à passer la journée du dimanche sur un motu ou une île pour un barbecue farniente. C’est une très belle occasion de discuter avec les locaux tout en profitant du lagon. Le principe est assez simple, une personne accueille et chacun apporte ce qu’il souhaite manger et boire. Demandez autour de vous, ou éventuellement au quai, pour trouver un hôte organisateur et un bateau pour vous y rendre et bien entendu, prévoyez de quoi boire pour vos hôtes.
Sur terre
Monts Duff et Mokoto
Consultez la page consacrée à la magnifique randonnée des monts Duff et Mokoto.
Tour de l’Île de Mangareva
Si possible, prenez quelques heures pour faire le tour de l’île de Mangareva. Cette île, relativement petite, peut être explorée à pied pour les sportifs ou en véhicule. La végétation luxuriante recouvre presque toute la surface de l’île et, côté lagon, de nombreuses fermes perlières se dressent fièrement sur leur pilotis.
Traversière kirimiro, le chemin de crête et le belvédère.
La randonnée balisée démarre de la route, grimpe à 120m d’altitude pour rejoindre la crête.
Au départ, longez la maison de droite et continuez sur le sentier, en pierres basaltiques, qui monte.
Arrivé sur la crête, au niveau de l’arche, vous pouvez soit poursuivre le sentier en descendant vers la côte nord-ouest soit bifurquer sur le chemin de crête.
Ici nous choisissons arbitrairement de continuer à gauche, vers le sud-ouest sur le chemin de crête. La végétation est différente, une surprenante rangée de pinus coiffe la crête. Plusieurs points de vue sur le splendide lagon ouest se découvrent entre les arbres.
Le matin permet de profiter de la lumière la plus spectaculaire.
Le parcours est bien balisé, avec quelques cordes dans les passages pentus mais sans difficulté particulière.
Arrivé à la route qui relie Gatavake à Rikitea, on poursuivra en face, vers le belvédère, à 2 minutes de marche, qui offre un point de vue sur Rikitea.
Fin de la randonnée.
Pour rentrer au plus vite au point de départ, faites demi-tour, et en recroisant la route, prenez à droite dans la descente vers Rikitea. En arrivant en ville, au T, prenez à gauche jusqu’au point de départ.
Perles
Atelier visite d’une exploitation perlière
La configuration particulière du lagon permet d’obtenir des perles uniques, différentes du reste de la Polynésie. Le tour de Mangareva révèle de très nombreuses fermes perlières dont certaines sont ouvertes pour une visite rapide et bien souvent avec la possibilité d’acheter des perles à la fin de la visite.
Pour les passionnés, une expérience immersive de 3 heures vous attend chez Nanihi pearl product pour un atelier où vous manipulerez quelques huîtres.
Vous comprendrez alors les tenants et aboutissants du métier de perliculteur. Vous découvrirez les secrets de la greffe, les soins apportés aux mollusques et les défis liés à la production de perles.
À la fin de la visite vous repartez avec la perle qui se trouvait dans l’huître que vous avez choisie.
- 7 000 XPS
Si vous ne faites pas la visite complète d’une ferme vous trouverez, dans cet article dédié, tous les détails de la culture des huîtres, de la greffe et de la vente des “perles de Tahiti”.
Bijouteries / Perles
- Des bijoux magnifiques à tous les tarifs.
- Ateliers de gravure du collège saint RaphaëlLes ateliers de gravure sur nacre des élèves sont accessibles au public, appelez à l’avance pour connaître les jours et heures d’ouverture.
Le poids de l’histoire
Le ravage culturel des missionnaires
En 1834, les Pères Caret et Laval, membres de la communauté des frères de Picpus (dite aussi communauté des Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie) s’établissent à Mangareva et réussissent à convertir la population locale en un temps record et fondent par la même la première communauté catholique de Polynésie. Le dernier roi, Maputeoa, soutient activement leur cause, voyant dans cette alliance une opportunité d’affermir son pouvoir sur les clans rivaux. Les missionnaires offrent des terres aux nouveaux convertis.
Ils organisent plusieurs autodafés, détruisant tous les objets de culte, mais aussi les pagaies sculptées, les instruments de musique et les tapas (papier de fibre de bois). Les nouveaux convertis aident les missionnaires en brulant leurs idoles de second rang dans un premier temps et les principales par la suite. Ils sont galvanisés par l’absence de sort maléfique jeté par les idoles bafouées, se rassurant alors sur l’inefficience de leurs anciens dieux ainsi que sur la “supériorité” de leur nouvelle religion.
La culture maorie disparaît. Les missionnaires et convertis érigent de nombreux édifices, dont la cathédrale de Rikitea.
Les conséquences dévastatrices de l’évangélisation du Père Laval sont bien documentées. En près de quarante ans, la population chute de 2 000 habitants à moins de 150, les maladies européennes et le désespoir décimant la population. Laval impose une série d’interdictions : musique, chant, tatouages, fleurs dans les cheveux. Il punit les querelles conjugales, l’adultère, les bagarres, mais aussi les fêtes populaires. La danse est passible d’amende, voire de prison. Laval interdit toute tradition orale dans une culture où la transmission est essentiellement orale. Les Mangaréviens perdent non seulement leurs croyances, mais aussi la mémoire de leurs ancêtres.
En 1871, la dictature de Laval prend fin alors qu’il est exilé par sa hiérarchie à Papeete. Malgré la violence de cette marche forcée vers le “progrès”, Laval a tout de même préservé quelques idoles païennes, envoyant notamment à sa congrégation, à Rome, une statue de la divinité Rongo. D’autres statues ont été récupérées par des marins, dont Dumont d’Urville, lors de son passage dans l’archipel en 1838.
En 2009, le musée du quai Branly à Paris a rassemblé les douze sculptures en bois connues de l’archipel lors de l’exposition "Mangareva: Panthéon de Polynésie".
De nos jours, le catholicisme est profondément enraciné dans l’archipel et une valorisation de la culture ancestrale n’est pas à l’ordre du jour, contrairement aux îles Marquises.
Rikitea
Rikitea est la ville principale de l’archipel des Gambier, située sur l’île de Managreva.
Cathédrale Saint-Michel
Érigée entre 1839 et 1841 par les missionnaires de Picpus, la cathédrale Saint-Michel est un édifice emblématique des Gambier. Les ornements en nacres de son autel sont d’une beauté remarquable. Ses murs extérieurs sont teintés de rouge et non de bleu comme on peut l’observer sur une photographie d’archive des années 2000, le bleu étant la couleur typique des autres églises des Gambier.
La messe chantée du dimanche matin y est joyeuse et vaut le détour.
Couvent de Rouru
Fondé en 1836 par le Père Cyprien, le couvent de Rouru à Mangareva symbolise les efforts entrepris par la mission pour promouvoir une certaine vision de l’éducation des femmes aux Gambier. À son apogée, ce lieu de vie communautaire hébergeait 150 résidents, principalement des femmes et des enfants.
Le couvent se composait de deux bâtiments principaux :
- La maison des religieuses, un espace permettant l’enseignement de la lecture et de l’écriture sur des feuilles de bananiers séchées.
- Le pensionnat et la chapelle Saint-Agathe, consacrée en 1850, qui étaient regroupés dans un même édifice.
Bien qu’il soit classé monument historique depuis 2002 par la Polynésie française, le couvent de Rouru tombe en décrépitude, mais reste un témoin de l’importance de la communauté catholique du 19ᵉ siècle.
Le cimetière de Rikitea : dernier repos du roi Maputeoa
Perché sur les hauteurs de Rikitea, le cimetière abrite le tombeau du dernier roi, Maputeoa, conservé dans la petite chapelle Saint-Pierre, érigée en 1850 par le père Soulié.
À l’arrivée des missionnaires, le roi s’est astucieusement accordé 2 années pour étudier la réaction de son peuple envers le catholicisme, avant d’embrasser la nouvelle religion. Ainsi le 5 août 1836 il se fait baptiser avec 170 de ses sujets. Il prend alors le nom de Grégorio en l’honneur du pape Grégoire XVI. Il décède le 20 juin 1857 sans descendance vivante.
Livres
- Mangareva, roman de Jean-Hughes Lime, éd. du Cherche Midi, 304 p.
Le roman plonge dans l’histoire des Gambier avec l’arrivée des missionnaires, la complicité intéressée du dernier roi et l’éradication rapide de la culture Maori par les catholiques.
epub: www.7switch.com/fr/ebook/9782749122298/mangareva - Mangareva: Panthéon de Polynésie, Catalogue, 4 février 2009
de Philippe Peltier (Auteur), Catherine Orliac (Auteur), Eric Conte (Auteur), Jean-Marc Tera'ituatini Pambrun (Auteur), musée du quai Branly (Compilateur).
Catalogue de l’exposition de 2009 du musée du quai Branly. - Laval, Honoré
Mémoires pour servir à l’histoire de Mangareva, ère chrétienne, 1834-1871
excerpts.numilog.com/books/9791041002665.pdf